• Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles - P. Valéry

    Maison Internationale - Paris
    (Séances des mercredi 10 et mardi 16 novembre 1965)

    Carte du CambodgeLe Cambodge est un beau pays situé sur la presqu'île indochinoise, dans le Sud-Est Asiatique. La beauté de ses paysages fut chantée par tous les voyageurs qui abordèrent sur ses rives depuis deux mille ans. Tous : Chinois, Indiens, Occidentaux, en laissèrent des descriptions enthousiastes et le poète Camoëns célébra "le Mékong secourable dent les bords hospitaliers sauveront du naufrage un poétique trésor déjà trempé de l'onde amère". Notre pays de sol fertile possède d'abondantes richesses naturelles. Le climat tropical et les suffisantes pluies apportées annuellement par la saison pluvieuse ont fait du Cambodge un pays à vocation agricole. Les géographes modernes fixent la superficie du pays à 181.000 kilomètres carrés de plaines et de montagnes, d'îles, de rizières et de forêts, de lacs et de rivières, de villes et de villages. Six millions deux cent mille habitants, Khmers dans leur immense majorité, en forment la population. Du onzième au douzième siècle, le Cambodge était un pays riche et puissant sur la presqu'île indochinoise. L'arrivée en Orient des occidentaux entraîna son occupation par la France en 1863, occupation qui avait durée 90 ans, jusqu'au 9 novembre 1953, date où le pays recouvra son indépendance et sa liberté.

    L'imposant monument de l'indépendance se dresse sur la place du bord du Tonlé Sap. Il a été construit en commémoration de l'indépendance du pays.

    L'indépendance politique complète étant acquise, il devenait indispensable et urgent de faire sortir le pays de son état de sous développement et d'établir une économie nationale indépendante et autonome.

    Dans le passé, l'urbanisme angkorien provoquait 1'étonnement admiratif des autres pays civilisés. Il est donc normal qu'aujourd'hui les bâtisseurs du Cambodge nouveau, retrouvant les traditions du passé, ont édifié Phnom-Penh en une capitale plus belle

    Depuis sa fondation en 1955, le Sangkum a accompli un immense effort pour transformer le visage de Phnom-Penh qui, d'une petite bourgade il y a 15 ans, est devenue une ville moderne de 500.000 habitants.

    Le plan de ce grandiose stade moderne de 60.000 places, doté d'excellents équipements, a été conçu par notre peuple lui-même qui en a accompli les travaux de construction dans l'espace de dix huit mois seulement. Les faits crevant les yeux réfutent d'une façon vigoureuse certaines calomnies lancées contre le peuple cambodgien qui, prétendent-ils "n'est bon à rien, la technique moderne lui étant inconnue". La métamorphose de Phnom-Penh leur a donné un claquant soufflet. L'urbanisme de Phnom-Penh s'avance à pas géants. Des nouveaux bâtiments se dressent majestueusement des deux côtés des rues nouvellement construites.

    La vie du peuple s'améliore et son niveau s'élève sans cesse. Un spectacle de prospérité florissante apparut au marché.

    Tous ceux qui ont été à Phnom-Penh s'accordent à reconnaître que Phnom-Penh est devenue belle comme une fleur, et qu'elle est aujourd'hui l'orgueil du peuple cambodgien.

    Le parc au bord du fleuve, avec ses fleurs se luttant de beauté, ses bâtisses de style national et ses pelouses verdoyantes, constitue un très joli tableau. Notre capitale est bien l'une des villes les plus élégantes du Sud-Est Asiatique.

    Nous poursuivons avec constance une politique étrangère de paix et de neutralité. Nous nous opposons résolument à l'ingérence et à l'agression étrangères, nous préservons notre indépendance et notre dignité nationales. Nous chérissons l'amitié des autres peuples. Nous ouvrons toute grande notre porte d'amitié. Nous souhaitons la bienvenue aux visiteurs amis de tous les pays.

    Battambang, deuxième grande ville qui se dresse dans l'ouest de notre patrie, subit également une métamorphose sans précédent.

    Les nouveaux bâtiments entourés de fleurs multicolores, pleines de grâces, et répandant des parfums, font ressembler la ville à un jardin.

    Cette construction de style purement national, c'est le Musée historique de Battambang où sont conservés beaucoup de reliques historiques qui attentent amplement la longue tradition historique et culturelle de notre pays.

    Angkor Wat, trésor artistique célèbre dans le monde, est l'une des prodigieuses réalisations de l'antique civilisation orientale. Ses bas-reliefs, ses statues de physionomie vivante, accusent l'incomparable talent de création artistique de notre peuple travailleur de l'antiquité.

    De hautes constructions de pierres se découpant sur un fond de forêts touffues, sont si majestueuses, si merveilleuses, si calmes et si imposantes : elles reflètent l'essence de notre civilisation antique.

    La ville de Siemreap, séparée de Angkor Wat de 5 Km, se métamorphose aussi avec le temps ; le Grand hôtel nouvellement aménagé, reçoit les touristes qui s'y présentent.

    Kep, sur le Golfe de Siam, lieu de villégiature pour les touristes et "les gens en quête du repos. Les villes littorales, de style tropical, sont si ingénieuses, si subtiles, si belles, si gracieuses. Face à la mer, Kep est une magnifique plage sur le Golfe de Siam. Le port de Sihanoukville, nouvellement construit, c'est notre port maritime.

    Pendant les jours de congé, les jeunes gens semblent plus vivaces. Ils se promènent en barque sur le Tonlé Sap, en contemplant les charmants sites des berges.

    Il existe un miracle du développement de l'enseignement. En effet, en 10 ans, le nombre des écoles a presque doublé et celui des classes triplé. Le Cambodge possède actuellement près de 4.000 écoles primaires. De nombreuses écoles se sont répandues dans tout le pays. Si les effectifs de l'enseignement primaire ont plus que doublé, dans l'enseignement secondaire, ils ont augmenté de plus de vingt fois. En effet, ils dépassent aujourd'hui 80.000 élèves répartis dans 194 établissements publics ou privés. L'enseignement se développe avec rapidité. Aux écoles publiques construites par l'Etat s'ajoutèrent les établissements scolaires fondés avec les participations généreuses des particuliers, des laïques, des religieux, des militaires, au profit de la population.
    Afin de former des experts pour l'édification du pays, nous avons fondé 9 universités avec 37 facultés. Plus de 6.000 étudiants font leurs études dans les diverses facultés de ses universités. Mais l'enseignement supérieur était inexistant lorsque nous avons recouvré, notre indépendance. Les jeunes se rendaient en France pour poursuivre leurs études. Aujourd'hui, cette situation a complètement changé.

    Dans l'enseignement technique, les progrès se sont du même ordre, puisque le nombre des élèves a été multiplié par 17. Comme tous les pays en voie de développement, le Cambodge a de grands besoins en ingénieurs et techniciens de toutes disciplines et les nouveaux programmes qui viennent d'être élaborés s'attachent à donner à l'enseignement une base plus scientifique que littéraire.

    L'université Royale des Beaux-Arts forme nos futurs artistes. Notre pays possède un riche patrimoine artistique. Les étudiants déploient des efforts pour perpétuer ce traditionnel art national.

    Le développement de la médecine et de la santé publique s'avère encourageant. De nombreux centres médicaux furent construits dans les villages et les régions éloignées du centre.

    Luttant contre les maladies, le personnel médical des centres médicaux ruraux pénètre constamment dans les familles des cultivateurs pour donner des soins aux enfants, pour qu'ils grandissent sainement. Pendant les dix années écoulées, nous avons formé un grand nombre d'infirmiers et d'infirmières, de sages-femmes et d'accoucheuses rurales dont le nombre fut porté de 724 en 1954 à 3.200 en 1965. Ils jouent un rôle déterminant dans l'abaissement du taux de mortalité d'infantiles dans l'accroissement de la population, en diffusant parmi les femmes les règles de l'hygiène.

    Dans les villes apparaissent de grands hôpitaux modernes dotés d'un excellent équipement. Les hôpitaux se multiplient sans cesse. En 1955, y nous n'avions que 16 hôpitaux comme celui-ci, mais en 1965, nous en avons 40. De nouvelles infirmeries et de nouveaux dispensaires s'érigent dans toutes les parties du pays, et leur nombre fut porté de 106 en 1954 à 400 en 1965. Ces hôpitaux, infirmeries et dispensaires ont acquis des succès manifestes clans la protection de la santé du peuple.

    L'industrie se développe avec rapidité. Aujourd'hui, les entreprises industrielles se sont répandues dans tout le pays. Avant l'indépendance nous comptions sur l'importation pour la plupart des produits industriels. Mais aujourd'hui, 10 ans après, nous pouvons satisfaire aux besoins du marché.

    Le caoutchouc occupe la place dans les produits agricoles de notre pays. Sa production s'accroît d'année en année, en passant de 31.800 tonnes en 1954 à 45.251 tonnes en 1965.

    La mécanisation de la production agricole apparaît sur notre terre. C'est la tendance du développement de notre agriculture. En vue d'élargir la surface de terre cultivée, nous défrichons avec des tracteurs les terrains abandonnés par manque de moyens d'exploitation. Plus de 300.000 ha de rizières sont cultivés par des tracteurs. L'agriculture du Cambodge s'avance vers la modernisation.

    Le riz occupe la première place dans nos produits d'agriculture. De 1955 à 1965, les surfaces cultivées en riz et la production ont passé de 1.743.000 hectares à 2.296.000 hectares et de 1.488.000 tonnes à 2.760.000 tonnes. Le sol fertile n'a pas menti l'espoir de ses maîtres. De nouveau, une bonne récolte a été obtenue.

    D'abondants produits agricoles donnent un spectacle de prospérité au marché.

     

    image séparateur(c) Apsara2001


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